Les différents systèmes éditoriaux de la bande-dessinée
Tout d'abord avant de vous lancer dans la lecture de ce post il est à savoir que ce post n'a pas pour but d'être parfait mais juste d'expliquer aux auteurs, principalement amateurs puisqu'au départ on ne connaît pas forcément cela, comment fonctionnent les systèmes éditoriaux de bandes-dessinées.
Ce n'est juste qu'une présentation actuelle du monde de l'édition, c'est loin d'être un cours d'histoire ou un mémoire. Si il y a une/des erreur(s) n'hésitez pas à me le signaler je modifierais en fonction. Et n'oubliez pas de donner votre point de vue aussi ! Bonne lecture.Alors, avant de commencer la présentation des différents modes d'édtion et afin que vous ne vous mélangiez pas les pinceaux en lisant la suite de ce post (car cela peut paraître compliqué rien que pour un lecteur occasionnel), il faut qu'on définisse les termes de bandes-dessinées, comics, franco-belge et manga.
Tout d'abord en France il y a un quiproquo énorme à propos de la bande-dessinée et de ces styles. On pourrait définir cela comme des préjugés, où des boulets de prisonniers que cet art traîne avec lui. Vous allez tout de suite comprendre :
En
France, quand on dit
bande-dessinée, on pense à Astérix et Obélix, à Tintin, à Spirou etc... quand on dit
Comics on pense Superman, Batman, IronMan etc... et quand on dit
Manga on pense Dragon Ball, Naruto, One Piece etc...
Sauf que, révélation (
alerte spoiler!!!), ces trois mots qui sont bande-dessinée,comics et manga veulent dire, dans leur pays respectif, exactement
la même chose.
Comics est le terme américain pour désigner la bande-dessinée et Manga le terme japonais (je le dis dans cet ordre là car je suis français, vive le chauvinisme. Je ne dirais plus ça à la fin du post vous allez vite comprendre pourquoi).
Ils définissent tout simplement l'aboutissement (le 'livre') d'une histoire racontée par des planches ('pages') découpées par des cases et dont les personnages parlent avec des bulles (pour faire court hein, il y a plus de 'règles', je vous invite à aller ici :(https://fr.wikipedia.org/wiki/Bande_dessinée) pour voir la définition exacte).
Bon vous me direz, le mal est fait. L'importation a aussi ramené d'autres préjugés comme le fait que les comics racontent que des histoires de super-héros, que les mangas ne sont que des shonens et que les franco-belges ne sont que réalistes. Et le pire de tous, le plus général et le plus grave (mais que fait la police?), que les bandes-dessinées sont pour les enfants.
C'est aussi à cause de ce quiproquo qu'on pense qu'un manga ne peut pas être français puisque c'est japonais à la base. Enfin si vous êtes sur ce forum vous connaissez déjà ce point de vue. Pour moi, le changement est au niveau de la
mise en scène. Je définis comme cela les différences des trois genres
(et c'est personnel, je le répète) :
Là où une bd style franco-belge sera rigide au niveau de sa composition (la règle des 48 planches par tome, le nombre élevé de cases par planches, le rigidité générale qui fait que l'action ne sort presque jamais des cases, l'omniprésence de la couleur), une bd style manga sera plus dynamique (peu de cases par planches, beaucoup de lignes de vitesses, gros plans omniprésent, noir et blanc) alors qu'un comics jouera entre les deux (couleur ou noir et blanc selon l'ambiance de l'histoire, des cases pour servir la mise en scène mais qui peuvent laisser place à une illustration si besoin).
Voilà, pour la suite de ce post, pour qu'il n'y ait pas de quiproquo, il était important de définir cela.
Passons donc à ce qui nous interresse vraiment, les différents systèmes d'édition dans le monde. Je prendrais que ces 3 exemples car ce sont les plus populaires et utilisés et ce sont ceux que vous risquez très fortement de rencontrer.
Le système éditorial au Japon (Asie)
Au pays du soleil levant, ils sont du genre à ne pas trop prendre de risque et à produire beaucoup. Je m'explique.
Là bas, ils publient leurs bandes-dessinées chapitre par chapitre dans des
magazines de prépublication (il en existe des tonnes, le plus connu étant le
Weekly Shonen Jump). Ceux-ci ciblent un public, ici 'Shonen' donc jeune garçon, adolescent, et donne un rythme de publication, ici hebdomadaire. Donc quand tu es lecteur au Japon, tu sais vers quel magazine te diriger selon ton âge et ton sexe. Ensuite, une fois que tu as lu le numéro, la maison d'édition qui le publie te pose diverses questions auquel tu peux répondre via un coupon à renvoyer. Par exemple quelle série tu as aimé, quel méchant tu as préféré, enfin bref ils veulent connaître tes goûts. Comme ça, une série qui ne plaît pas au public est arrétée et une série qui a du succès se verra ensuite publiée en tomes reliés (300 pages environ).
De plus, il y aussi des responsables éditoriaux '(éditeurs), confier par les maisons d'édition, sur chaque histoire afin que les auteurs aient un avis sur leur histoire. Il fait aussi le lien entre le public et les auteurs. Si les premiers n'aiment pas un personnage, il dira aux auteurs de le modifier ou de le faire disparaître. Ces méthodes permettent d'être sûr que l'histoire plaît et ainsi être certain qu'elle se vendra en tome relié ensuite puisqu'elle sera déjà aux goûts du public. Et puis, si il y a vraiment du succès elle aura de nombreux dérivés (séries animées, goodies etc...).
La maison d'édition ne prend ainsi presque aucun risque puisqu'elle sait qu'en publiant ceux que les gens veulent directement lire, le tome relié se vendra et les frais d'imprimerie seront largement remboursés. A noter qu'elle achète les droits de la série une fois qu'elle est publiée. C'est donc elle qui choisit de faire une série animée ou autres dérivés. Cependant, il n'y a pas de reprise de série. C'est à dire que quand un auteur commence une série, c'est aussi lui qui la termine et personne ne la reprend (même si il ne peut pas la terminer pour x raisons), c'est l'oeuvre de toute une vie. Il y peu de scénariste car le plus gros de ce travail est géré par l'éditeur.
De plus, ils donnent des assistants aux auteurs pour pouvoir tenir un rythme de publication important (un chapitre par semaine). Le dessinateur n'a ainsi plus qu'à faire le crayonné la plupart du temps, les assistants gérant le reste de la création d'une planche. Mais on développera cela dans un autre post sur '
les systèmes de création'.
Le système éditorial aux Etats-Unis (Amérique)
Au pays de l'oncle Sam, les maisons d'édition sont un peu plus ouvertes même si les deux plus grosses sont
DC Comics et
Marvel. Enfin, ils prennent tout de même un peu plus de risque qu'au Japon.
Aux Etats-Unis chaque histoire est publiée, au départ, sous forme de
Comic-book. C'est à dire une sorte de magazine (à l'instar du Shonen Jump) mais où il n'y a seulement qu'une histoire, sous forme d'un seul chapitre. Cela fait donc une trentaine de pages et est publié périodiquement (hebdomadaire, mensuel etc..) avec la suite de l'histoire à chaque fois. Si cela marche, la série sera ensuite publié, en plus de son périodique d'un chapitre à la fois, en périodique trimestriel (la plupart du temps) où est regroupé une histoire compléte de son héros (plusieurs chapitres) dans une version un peu plus classe qu'un magazine, à savoir une version cartonnée. Ensuite les dérivés arrivent et le comics peut avoir droit à un périodique plus important où y est publié plusieurs histoires à la fois (surtout pour les supers-héros) de la série. Par exemple un chapitre de la série du héros seul, un chapitre de la série où le héros est en groupe et un chapitre de la série sur l'enfance du héros. On atteint alors facilement la centaine de pages par fascicule.
Par contre, une série qui ne marche pas (pas assez de ventes) est bien sûr abandonnée et, à contrario, une série qui fonctionne bien à droit à plusieurs histoires dérivées de la principale ainsi qu'un effectif d'auteurs plus important (plusieurs scénaristes, dessinateurs, encreurs, lettreurs, dessinateurs de couverture, responsable éditorial...).
Mais ici, la maison d'édition acquière aussi les droits sur la série (plus souvent le personnage puisqu'il y a ensuite des séries dérivées). Mais il y a plusieurs systèmes de création, où là on verra aussi la différence entre DC et Marvel dans la façon de faire.
Le système éditorial en France (Europe)
Au pays de la baguette et du béret, les maisons d'éditions oscillent entre prendre beaucoup de risque tout en gardant ses acquis.
Mais avant de comprendre cela il faut remonter un peu dans le temps. Lorsque la BD franco-belge est devenue vraiment populaire en France. C'était dans les années 60 et ce fût grâce principalement au magazine
Pilote. A l'époque il y avait aussi Spirou et Tintin qui avaient un
magazine de prépublication (Spirou existant encore) mais Pilote a vraiment révolutionné le genre et amené pas mal de séries très connues aujourd'hui (Astérix et Obélix en tête, Blueberry, Iznogoud etc..). Par contre ils ne publiaient pas des chapitres entiers mais juste quelques pages de chaque histoire. Ensuite, les grosses maisons d'édition (Dargaud, Dupuis ...) ont acheté les droits des séries populaires et les ont publié en tome relié. Depuis, les journaux ont presque tous disparus et maintenant, que les maisons d'éditions ont engendré de gros bénéfices avec les séries phares elles investissent pas mal d'argent dans de nouvelles. Du coup il y a beaucoup de nouveautés mais peu d'élus qui marchent vraiment bien. Cela est que la série au départ publiée directement en
tome relié n'a pas son public et est donc immergé parmis les centaines d'autres sorties. Les auteurs n'arrivent donc malheureusement pas à être connu. Cela est dû au système des maisons d'éditions qui enfait, quand elles achètent les droits d'une série donne un acompte à l'auteur pour qu'il puisse vivre le temps de sortir son tome (de 10 000 à 15 000 euros et un tome demandant pour la plupart du temps, du moins pour le dessinateur, de 6 mois à 1 an de travail). La maison d'édition se 'rembourse' ensuite sur les ventes et ce n'est que lorsque l'auteur atteint la somme donnée de départ qu'il peut espérer toucher plus que 8% par tome vendu (pourcentage actuel). Et au niveau de la 'reprise' des séries, la France est un peu plus ouverte que le Japon puisque maintenant quelques séries phares sont reprises par de nouveaux auteurs. Mais cela ne se fait pas sans l'accord de(s) auteur(s) de départ, contrairement aux Etats-Unis où c'est la maison d'édition qui choisit si une série doit être reprise ou non.
Conclusion et avis personnel
Vous l'aurez donc compris, le système français est le moins bon des trois, du moins celui qui rapporte (
où qui fait perdre) le moins d'argent, autant pour l'éditeur que pour l'auteur et le lecteur, puisqu'une série n'est pas assurée de marcher et qu'elle est dès sa sortie plongée dans l'océan des nouveautés.
Le système japonais est quant à lui plus serein dans sa mise en oeuvre puisque le fan-service est omniprésent (les choix des lecteurs influençant le scénario) et que donc chaque série à déjà une base de lecteurs grâce à la prépublication. Et c'est aussi celui qui s'exporte le mieux (notamment avec les animés).
On pourrait ainsi dire que le système américain joue entre les deux, puisqu'ils prépublient en quelque sorte ses séries mais individuellement (contrairement au magazines japonais qui peuvent faire avec une vingtaine de séries par numéro) et qu'il peut facilement publier de nouvelles séries, qu'il arrêtera si cela ne marche pas.
Le système de reprise est très important là bas ou les séries phares changent sans cesse de scénaristes/dessinateurs par histoire ce qui fait qu'un nouvel auteur a déjà sa base de lecteur si il travaille sur une série. Et pour parler des super-héros, ils s'exportent de plus en plus avec l'arrivée de Marvel Studios (les films, même si avant il en y a eu pas mal, notamment Superman, Batman et au début des années 2000 Spiderman et X-Men) et des séries TV (Dardevil, Arrow, Flash...).
Attention je ne vous ai parlé que là du système d'édition papier. Le
numérique étant depuis arrivé et les systèmes d'édition essayent de s'y adapter même si le papier reste la principale forme de publication. En tout cas, pour le numérique, les comics arrivent facilement à faire avec, les manga commencent à arriver (ils ont notamment fait fermer pas mal de sites de lecture gratuite, illégaux, sans doute pour proposer leurs séries sur le net...) et les grosses maisons françaises le renient pas mal, n'arrivant pas à s'y adapter fatalement. Peut-être que je compléterais ce sujet en y ajoutant la partie numérique (qui est très récente).
Voilà, pour donner un avis (même si je l'ai déjà fait deux paragraphes avant...) je pense qu'en France le problème est qu'on prend trop de risque. C'est à dire que les maisons d'édition publient beaucoup, trop de nouveautés et ainsi le lecteur est perdu. Et du fait qu'elle publie tant de nouveauté, la maison d'édition est obligée de se rembourser comme expliqué précédemment et donc l'auteur ne touche pas grand chose (euphémisme). Donc si la série ne marche pas ou autrement dit ne fait pas le buzz, il aura juste toucher de quoi manger le temps de faire son tome relié. Je parle surtout pour la franco-belge car en ce qui concerne les styles comics et manga, les maisons d'éditions ont tendance à acheter ce qui marche, et à ne pas trop publier les auteurs français de ces styles (par peur que cela ne marche pas. Bizarre vu ce qu'ils font avec le franco-belge...)
C'est d'ailleurs pour cela que je pense qu'un magazine de prépublication pourrait grandement changer la donne (et en plus ça à déjà marcher, c'est pas nouveaux en France), et qu'il faut utiliser le numérique à fond. Je parle là plutôt du style manga, car je pense que le franco-belge stagne un peu trop et est difficile à changer. Pourquoi le numérique me direz-vous, et bien c'est très simple. Ca ne coûte rien à proprement parler, pas de coût d'impression, pas de pourcentages à donner aux diffuseurs, distributeurs et compagnie. Et on peut ainsi voir, grâce à la prépublication, si une série marche ou non et ainsi décider de la publier en tome relié en étant assuré qu'elle se vende (comme au Japon ou aux USA).
Voilà, merci à tous d'avoir lu ce post qui je l'espère éclairera certains lecteurs et pourquoi pas quelques auteurs. Comme je l'ai dit au début, n'hésitez pas à le compléter où à noter des erreurs si il y en a, j'éditerais en fonction, comme pour les liens que j'ajouterais au fil du temps (principalement quand je retrouvais les articles qui m'ont appris cela il y a quelque temps).
Le post sur les systèmes de création arrivera aussi car je pense que c'est important de savoir comment sont créees les bandes-dessinées dans ces différents pays. Je prendrais toujours ces 3 styles car ce sont les plus connus, donc c'est plus facile de trouver des infos (et encore...il faut bien chercher...) et que ce sont ces styles que vous aurez le plus de chances de rencontrer.
Et partagez votre avis surtout !