Light Novel
J'aimerais vous présenter un genre que j'aime tout particulièrement et que je pratique, et qui est encore méconnu en France et qui essaie timidement de faire sa place chez nous.Késako ? Un petit roman avec plein d'images pour illustrer ? et pourtant c'est construit exactement de la même façon qu'un manga, quelle est la réelle différence?
Un « Light Novel » (ou « LN » pour l’abréviation couramment utilisée ou « ライトノベル,
raito noberu » en japonais) est plus ou moins une nouvelle, à cause de son format plutôt cours. En général, un LN comporte entre 200 et 350 pages et, possède également plusieurs illustrations à l’intérieur. Il est destiné à un public de jeunes adultes (équivalent lycéens et étudiants au Japon.)
Il faut aussi savoir qu'il n’est ni un roman ni un manga. Il s'agit d'un genre littéraire à part entière. Là où nos écrivains proposent plutôt des pavés de 500 pages avec des textes relativement "compliqués" (dans le sens qu'il ne s'agit pas de langage courant) ces écrivains proposent des histoires complexes et bien construites mais réparties en plusieurs volumes. Par ailleurs, le style d'écriture plus fluide et plus courant permet d'élargir le public cible. Disons que ça se rapproche un peu des romans pour jeune ado mais avec un scénario mieux travaillé.
Toutefois, c'est rare de lire un LN pour son style d’écriture, ou alors c'est qu'on est maso. Quand je lis un LN, c'est pour passer le temps parce qu’honnêtement, ça ne demande pas beaucoup d'effort de lire ça.
Néanmoins, il faut savoir qu’au Japon, le LN fait partie intégrante de la culture Japonaise, et qu’il extrêmement populaire et en plein essor. On estime effectivement le marché du LN japonais à plus de 20 milliards de Yen (soit plus de 14 millions d’Euro), pour quelques 30 millions de tomes vendu à l’année. Comme les mangas, ils sont d’abord pré-publiés dans des magazines, comme le
Dengeki Bunko Magazine (du groupe
Kadokawa, le Dengeki G’s,
le Gekkan dragon age,
The Sneaker,
Dengeki hp et
le Comptiq) par exemple, chapitre par chapitre. L’intrigue est donc divisée en courts chapitres au rythme bien calibré : statu quo, élément perturbateur, résolution… Et les écrits les plus populaires font l’objet de parution sous format relié, comme pour les mangas. C’est ainsi que certaines collections de ces « romans » peuvent atteindre une taille raisonnable (
les Douze Royaumes, six romans disponibles aux
éditions Milan dans leur petit format d’origine) à respectable (une vingtaine de romans pour
Shakugan no Shana, parfois plus…).
Beaucoup de franchises de LN sont par la suite adaptées en anime et/ou manga, ainsi que divers films, goodies, etc...
Les formats sont divers. Nous pouvons avoir une série qui ne dure que le temps d'un seul volume. Tout comme des titres qui vont s'étendre sur plus d'une trentaine de volumes, de grandes épopées publiées pendant de nombreuses années.
Les thèmes sont variés sont également variés. Si vous aimez la japanimation la lecture des Light Novels pourra grandement vous satisfaire.
Le LN ne dispose pas que d’un auteur, ils sont toujours en duo, un à l’écriture, l’autre aux dessins, ce qui fait le charme de ce livre et le succès de certains dessinateurs dont la popularité explose suite à la parution d’un de ces LN ! Cependant il existe des exceptions comme l’a démontré Yuu Kamiya, l’auteur de
No Game No Life qui à tout écrit et dessiné en solo.
Quant aux éditeurs japonais, ils recherchent constamment de nouveaux talents via des concours organisés chaque année depuis 1994. Le
Dengeki Novel Prize semble être le concours le plus populaire, ce dernier réunissant 4500 manuscrits chaque année. Le vainqueur remporte sa série publiée ainsi qu’une certaine somme d’argent allant jusqu’à 3 millions de yen.
Le LN à l’étranger
Tout d’abord un petit retour dans le passé.
Bien avant le LN japonais, il existait déjà ce genre littéraire sur le territoire américain.
En effet, de 1910 à 1940 est né les « Pulps ». Le nom « pulp » vient du fait que ces magazines étaient imprimés, par souci de rentabilité, sur du papier de basse qualité. Les « pulps » sont les successeurs des dime novels * (le « roman à trois sous » des anglophones) et des brochures moralisatrices publiées par les ligues caritatives de vertus dès le milieu du XIXe siècle afin de mettre en garde agriculteurs, ouvriers et employés contre les dangers de la boisson et de la débauche, entre autres.
Le premier « pulp » avéré est la version modifiée du magazine Argosy de Frank Munsey, dont l'éditeur cherchait à réduire le coût de fabrication afin d'en permettre une plus large diffusion.
Bien que les « pulps » aient eu moins de succès hors des États-Unis qu'à l'intérieur de leurs frontières, certains des personnages révélés par ces magazines ont acquis avec les années une notoriété internationale, le cinéma et la télévision aidant. Parmi ces personnages, on retiendra Tarzan, Conan le Barbare, Doc Savage ou encore Zorro.
Les « pulps » ont aussi compté dans le développement de certains genres populaires, notamment le roman noir, la science-fiction et le western. Plusieurs classiques du roman policier et de la littérature d'anticipation ont tout d'abord été publiés sous la forme de feuilletons (en anglais : series), notamment dans les magazines Weird Tales, Amazing Stories, Astounding Stories et Black Mask.
* Le Dime Novel : Comparable aux fanzines, les dime novels ont servi à la diffusion d'un genre littéraire populaire au sein de la classe ouvrière américaine et anglaise. Ils étaient, pour leurs éditeurs, un moyen de fidéliser un lectorat en pleine expansion suite aux campagnes d'alphabétisation au travers des aventures de figures archétypes de la culture américaine de l'époque. Cette littérature secondaire a peu à peu périclité pour être remplacée par le format bande-dessinée popularisé par les comic-strips.Ainsi, aux États-Unis, de part leur passif, ils ont bien compris la chose et de nombreux light novels y sont vendus, principalement chez
Tokypop,
Viz Media ou
Dark Horse qui publient :
Les romans d'Haruhi,
Spice and Wolf,
Death Note,
Hack// ou encore
Full Metal Alchemist et j’en passe…
Et en France ?
En France, on aura tendance à dire qu’il s’agit d’un roman pour faire simple, même si les puristes s’offusquent souvent de cela, et le qualifie d’un genre pas sérieux, voire de "sous-littérature". Un roman de gare quoi.
Or, les quelques éditeurs français qui publient des LN, ne travaillent pas de la même façon sur un manga que sur un LN. Le format déjà est différent et chaque maison d’édition a une équipe différente, pour faire la traduction d’un manga et d’un LN. Il y a donc des adaptateurs mangas et adaptateurs LN.
Néanmoins, si la plupart de nos mangas et animes préférés viennent à l'origine des Light Novel, jusqu'à présent aucun d'entre eux n'étaient accessibles en France. Il peine à s’imposer, pourtant sur un marché ultra-favorable à la culture populaire japonaise.
L’histoire du Light Novel en France débute en 2009 lorsque
Pika annonce l’acquisition de la licence
Haruhi en manga, et en LN, qui sera publié par Hachette. Malgré cette bonne nouvelle, les personnes s’occupant du premier Light Novel du territoire n’ont pas pris en compte plusieurs points essentiels. Les fans aiment au maximum voir leurs romans favoris être au plus proche de l’œuvre originale japonaise. Constat évident : ce fut un flop total.
C'est pourquoi, en 2013 un grand projet à débuté dans le but de promouvoir à nouveau les LN tout en créant une nouvelle maison d'édition spécialisée dans ce domaine :
Ofelbe Editions (
Sword Art Online,
Spice and Wolf,
Log Horizon)
Et derrière lui, les autres éditeurs mangas ont aussi –timidement– commencé à acquérir des LN (
Panini manga,
Kaze,
Pika,
Kana ….) Nous avons alors comme séries :
Fairy Tail,
Vampire Knight,
Arcanne de l’aube, l
e roman de Jiraya…
Cependant, les tarifs pratiqués par les éditeurs français, sont plus proches de ceux de la littérature classique que des mangas. Alors qu’on considère le LN comme une sous-littérature, un genre mineur et méconnu, ils nous font payer le même prix que pour un roman de Musso ! Et pas format poche. Préparez donc au moins 20 euros pour un LN. Un prix qui va forcément rebuter les lecteurs et les curieux, à moins d’être un passionné de ce genre ou un fan de la série. Les éditeurs français ne font malheureusement aucun effort pour vraiment ancrer et faire découvrir ce genre chez nous.
Merci d'avoir lu et si vous avez des questions ou que vous souhaitez donner votre avis n’hésitez pas ^^